Je prends le clavier pour partager de bonnes nouvelles : je jette de temps en temps un coup d'oeil aux publications scientifiques sur la spondylarthrite et l'année écoulée a marquée une très belle avancée (à mon avis), à savoir la première expérience rapportée de transplantation fécale (FMT) dans le cadre d'une SpA.
Nous qui avons été sensibilisés au régime Seignalet, nous croyons et expérimentons depuis longtemps le lien entre spondylarthrite, nourriture et intestin. Mais cela restait très peu connu des rhumatologues, voire ouvertement contesté car non validé par des études de qualité publiées dans des revues à commité de lecture. Depuis quelques années, la tendance évolue.
D'abord il est largement prouvé depuis le milieu des années 2010 que la spondylarthrite est corrélée à une dysbiose intestinale, c'est à dire un déséquilibre entre les populations bactériennes de notre microbiote (en anglais, voir là et là, ou en français ici). Mais corrélation n'est pas causalité : est-ce que la maladie provoque la dysbiose ou est-ce que la dysbiose provoque la maladie ou est-ce qu'autre chose provoque les deux ?
Ensuite, en 2020 est sortie une première étude sur un nombre significatif de patients (plus de 100) montrant un effet positif d'un régime sans gluten sur la spondylarthrite chez la majorité des participants (en anglais ici).
Enfin, j'ai repéré cette année deux publications concernant la transplantation fécale, c'est à dire l'introduction d'un extrait de microbiote venant d'une personne saine chez un malade :
- la première est un bref compte-rendu de deux cas. Premièrement une femme de 47 ans ayant subit deux séries de transplantations fécales à 5 ans d'écart et ayant eu une amélioration de la spondylarthrite la première fois et une nouvelle amélioration la seconde fois. Le second compte-rendu porte sur un homme ayant lui aussi eu plusieurs vagues de transplantations fécale qui ont conduit à une rémission totale et durable (depuis plus de 10 ans) de la spondylarthrite ! Les détails en anglais.
- La seconde étude rapporte de manière très détaillée le cas d'un jeune homme de 24 ans ayant subit une vague de trois transplantations fécales qui ont conduit à une amélioration très significative de ses symptômes de spondylarthrite. Pour les connaisseurs, son BASDAI passe de 5 à 2 sur le long terme. L'étude rapporte également l'évolution de l'équilibre des populations bactériennes. Les détails en anglais.
Ceci étant, je suis vraiment très heureux que ces avancées aient eu lieu pour deux raisons : 1/ il semble de plus en plus clair et de mieux en mieux validé qu'il y a un lien entre SpA et intestin, voire que des modifications au niveau intestinal peuvent résorber la SpA. 2/ C'est la première fois qu'un "traitement" semble "guérir" une SpA de manière durable. C'est agréable d'espérer que d'ici 10, 20, 30 ans cette maladie sera beaucoup beaucoup mieux gérée.
Beau début d'année à vous !